Ces derniers temps, la situation est tendue entre les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft), et l’union européenne, ainsi que les Etats-Unis.

La principale cause c’est que ces géants du numérique, sont accusés de recourir à des pratiques anticoncurrentielles. Cela est notamment dû aux rachats massifs de concurrents, créant des situations de monopole.

On leur reproche aussi de chercher à collecter toujours plus de données personnelles, pour augmenter leurs revenus publicitaires.

 

C’est dans ce contexte qu’une polémique est née, à l’encontre de la messagerie instantanée WhatsApp.

C’est à cette occasion d’ailleurs, qu’une grande partie des utilisateurs de l’application ont appris que la société appartenait à Facebook. Ce même géant à qui il est déjà reproché d’avoir fait l’acquisition de nombreuses sociétés concurrentes, dont Instagram.

 

Que s’est-il passé ?

 

En ce début d’année, WhatsApp a annoncé la modification des conditions d’utilisations des données, à compter du 8 février. Ces nouvelles conditions comprenaient notamment une mention qui a fait grand bruit : « Nous (Facebook, ndlr) pouvons utiliser les informations que nous recevons d’eux (WhatsApp ndlr), et ils peuvent utiliser les informations que nous partageons avec eux, pour aider à exploiter, fournir, améliorer, comprendre, personnaliser, soutenir et commercialiser nos services et leurs offres ».
Concrètement, les nouvelles conditions incluaient le partage de données telles que les noms, les images de profil, les numéros de téléphone des utilisateurs et de leurs contacts, le statut indiquant la dernière connexion, etc., avec les autres entités de Facebook (Instagram, Messenger, etc.)

 

Pourquoi ces nouvelles conditions ?

 

Pour faire simple, ces entités collectent de nombreuses informations vous concernant : vos coordonnées, vos centres d’intérêts, vos habitudes de connexion, etc.

Or, le modèle économique des réseaux sociaux et de nombreuses applications, repose essentiellement sur la publicité ciblée. En clair, les annonceurs établissent un profil type, leur cible, qu’ils soumettent à la plateforme. Un algorithme va trier les profils correspondants, et ainsi, les publicités ne visent que des personnes potentiellement intéressées par le contenu de l’annonce.  Ce sont les fameux contenus sponsorisés.

 

Quel rapport avec WhatsApp du coup ? C’est simple, Facebook souhaite développer la partie BtoB de son application, pour permettre aux entreprises d’y diffuser leurs publicités ciblées.

 

Réaction des utilisateurs

 

Face à l’obligation d’accepter les nouvelles conditions, pour continuer à bénéficier de l’application après le 8 février 2021, la réaction des utilisateurs ne s’est pas faite attendre. Ces derniers ont massivement déserté WhatsApp pour se rediriger vers des solutions concurrentes.

 

Signal

 

Ainsi, l’application de messagerie instantanée Signal a connu une croissance de près de 10 000% du nombre de téléchargements, avec 47 millions d’acquisitions en 13 jours.

L’application existe depuis 2014, est Open Source et administrée par une fondation à but non lucratif, financée par des dons et subventions. Elle est donc, libre de publicité et gratuite. Elle est considérée comme la plus sécurisée, et est privilégiée par les lanceurs d’alerte, et les journalistes. Elle a aussi été recommandée par la commission européenne pour ses équipes.

Et pour cause : elle dispose d’un chiffrement robuste de bout en bout des échanges entre utilisateurs. Cela signifie qu’aucune personne extérieure, pas même les gérants des serveurs de la messagerie, ne peuvent consulter le contenu des messages.

En outre, un système d’autodestruction des messages après quelques secondes permet d’éviter de laisser aucune trace de ces derniers.

L’équipe de Signal a d’ailleurs bien compris l’enjeu de la situation, et a immédiatement proposé des tutoriels, pour migrer les groupes WhatsApp vers Signal par exemple.

 

Telegram

 

L’application russe Telegram Messenger, a aussi bénéficié de la situation. 33 millions d’utilisateurs ont téléchargé l’application en 13 jours. L’application possède aussi un système de chiffrement bout en bout, mais ce dernier est désactivé par défaut. C’est d’ailleurs aussi le cas de Facebook Messenger.

 

La réponse de WhatsApp

 

Face à la vive réaction des utilisateurs, Facebook n’a pas eu le choix de faire marche arrière. Ou plutôt, ils ont reporté l’application des conditions d’utilisation de 3 mois, soit au 15 mai 2021.

D’ailleurs, le porte-parole de WhatsApp a précisé : « Il n’y a aucun changement dans les pratiques de partage de données de WhatsApp dans la région européenne (y compris au Royaume-Uni) suite à la mise à jour des conditions d’utilisation ».

La raison à cela tient à un acronyme, la RGPD. Le partage de données personnelles entre les diverses applications du groupe est illégal, et ne pourra donc pas s’appliquer sur la zone concernée.

D’ailleurs, il ne devrait pas être obligatoire d’accepter les nouvelles conditions d’utilisation pour continuer à utiliser l’application. En effet, la RGPD protège encore l’utilisateur : si le consentement est non négociable, c’est illégal.

Finalement, WhatsApp précise qu’en Europe, les nouvelles conditions devraient uniquement être utilisées pour développer les fonctionnalités de WhatsApp Business. L’outil BtoC permet aux entreprises d’interagir avec leurs clients plus facilement (catalogues, automatisation et tri des messages, outil d’échange, etc.)


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